Suivi GPS des troupeaux et traçage isotopique des systèmes pastoraux en Mongolie

En Mongolie, les troupeaux sont rarement gardiennés en continu, ce qui rend un suivi humain difficile et nous nous appuyons alors sur une approche intégrée de suivi des troupeaux par GPS et d’analyse isotopique de leurs tissus. Nous concentrons nos efforts sur les terrains où nous fouillons. Le travail porte essentiellement sur douze animaux (chèvres, moutons et chevaux) appartenant à trois familles d’éleveurs et équipés de colliers GPS qui transmettent depuis juin 2015 leurs déplacements journaliers, avec une résolution d’une localisation de 2 à 13 heures selon les colliers. Les données GPS collectées au cours de l’année à venir permettront d’établir des parcours et calendriers précis de nomadisation. Ces informations ont parallèlement été collectées grâce à des entretiens directifs et semi-directifs en mongol par Charlotte Marchina (anthropologue, spécialiste de la Mongolie). Les itinéraires et calendrier de nomadisation ont été relevés en se rendant avec les éleveurs sur les différents campements. Des prélèvements de mandibules, de cornes et de végétation ont été effectués sur les différents espaces de pâturages des animaux.

En juillet 2016 d’autres colliers seront posés en Arkhangaï dans la vallée de Tsatsiin Ereg.

En septembre 2016, une mission visera à récupérer les colliers GPS, échantillonner les animaux suivis et compléter l’enquête auprès des éleveurs à l’aide de cartes se fondant sur les déplacements observés durant l’année. Les données satellitaires seront traitées par des analyses de trajectométrie classiques et un logiciel de cartographie permettant de superposer les cartes géo-référencées, les parcours des animaux, les données géologiques et/ou pédologiques et isotopiques. Le matériel dentaire actuel et archéologique sera préparé en suivant les protocoles mis en place au sein de l’UMR7209. Des prélèvements séquentiels seront effectués le long de l’axe de croissance de la dent, du poil et de la corne ; après prétraitement chimique, les échantillons seront pesés pour analyse isotopique (d13C, d15N, d18O) au MNHN ; les mesures de d18O et d2H sur kératine seront sous-traitées à l’University of Utah (USA) ; les profils isotopiques en strontium seront mesurés par ablation laser à l’ENS-Lyon. Les échantillons anciens seront datés (préparation au laboratoire 14C du MNHN ; mesure sur ECHO-MICADAS à Gif-sur-Yvette).

La confrontation des données isotopiques avec un suivi satellitaire permettra de répondre aux questions suivantes : (1) peut-on déceler la mobilité par l’outil isotopique ? Un changement d’alimentation imposé par l’éleveur (comme un affouragement hivernal par exemple) est-il identifiable ? Si oui, quels sont les traceurs les plus pertinents et quelle est leur sensibilité ? (2) La qualité de l’enregistrement dépend-elle du type de tissu analysé ? De l’espèce étudiée ? (3) Peut-on mettre en évidence des préférences alimentaires ou des utilisations différentes des zones de pâturage pour des animaux d’un même troupeau (au sein d’une même espèce ou entre des espèces différentes) ? Les données acquises sur ce référentiel nous permettront d’étudier la variété des provenances des équidés mis au jour dans les tombes et l’évolution des pratiques de nomadisation entre l’âge du Bronze (début du 1er mill. av. J.-C.) et la période Türk (fin du 1er mill. ap. J.-C.).