Cette deuxième année du programme a donné lieu à la poursuite des fouilles dans l’Altaï, précisément sur le site de Burgast au nord de l’Aimag de Bayan-Ulgii (sum de Nogoonnuur). La zone archéologique est idéale puisqu’elle présente la particularité d’être densément pourvu en structures archéologiques et son extension est contrainte entre une rivière et un massif rocheux qui limite donc l’espace d’intervention.
La mission de fouille de cette année a eu lieu du 8 juin au 7 juillet 2015. L’équipe était composée de 20 personnes : S. Lepetz (responsable de la misison, CR CNRS), V. Bernard (CR CNRS, archéologue, dendrochronologue), A. Zazzo (CR CNRS, géochimiste), C. Marchina (INALCO, ethnologue), Joël Suire (IR CNRS, topographe), D. Joly (Dir. du Service archéologique de Chartres), T. Turbat (chef de département, Institut d’Archéologie), B. Noost (Archéologue, Institut d’Archéologie), de 9 fouilleurs/étudiants (dont plusieurs sont des étudiants en archéologie), d’un cuisinier, d’une aide cuisinière, du chauffeur du véhicule. La fouille proprement dite s’est accompagnée d’une mission d’enquête anthropologique menée par C. Marchina et d’un travail de pose de colliers GPS sur des animaux vivants de trois éleveurs et d’un travail de prélèvements (poils, sol, eau) en vue d’analyses géochimiques, menées par A. Zazzo. Le campement (4 yourtes et les tentes individuelles) a été installé à une centaine de mètre des structures archéologiques fouillées.
Cette deuxième année du contrat quadriennal a permis un certain nombre d’avancées notables. Sur le plan scientifique, notre travail permet de proposer une vision renouvelée de la fouille des tombes de la première moitié du premier millénaire de notre ère et des pratiques funéraires.
Sur le plan des méthodes, il permet l’enregistrement d’informations trop peu prises en compte concernant l’assemblage des structures en bois, la position des corps humains et animaux, les effets des bioturbations, la présence de restes d’insectes, les ré-interventions post-enfouissement. En outre, la fouille de l’an passé et de cette année donnent la possibilité de remettre largement en cause les attributions culturelles effectuées lors des prospections terrestres basées uniquement sur la forme des structures et leur position topographique. Beaucoup des structures considérées comme appartenant à l’époque des Türk anciens, ne le sont pas. Et, ce qui n’est pas moins intéressant, beaucoup de ces structures ne sont même pas des tombes humaines. Présentes sous la forme de tumulus, parfois recouvrant une fosse, elles livrent des restes d’animaux, souvent du cheval, dont l’analyse de la dispersion des os, révèle un processus de décomposition difficilement compatible avec un enfouissement simple d’un cadavre complet.
La fouille des sépulture à Burgast et la datation de l’une d’entre elle ont permis d’engager un travail sur une époque qui n’avait pas encore été abordée en Altaï, par manque de sites, à savoir la charnière entre la période Hunnu et celle des Türk anciens (IIe et le IVe siècles). L’analyse révèle la complexité des modes d’enfouissement, puisqu’elle fait apparaitre des pratiques qui, si elles ne sont pas encore tout à fait comprises, intègrent des gestes en lien avec le traitement et le dépôt de cadavres « non frais ». La fouille de nouvelles tombes et les analyses anthropologiques prévues en 2016 permettront de mieux les décrire.
Parallèlement, l’analyse des monuments de types mémorial, balbal, d’époque Türk, en relation avec les autres type des structures rituelles et funéraires (enfouissement de chevaux, tombes, structures sacrificielles) permet d’enrichir notablement notre perception de la diversité des pratiques cultuelles des populations à cette époque. L’inventaire exhaustif de l’ensemble des tombes à chevaux du VIe – Xe siècle de Mongolie, mené cette année, a permis de mettre au jour les caractéristiques communes des sépultures et de souligner les nombreux aspects qui demandent encore à être documentés.